Nuit des martyrs : Une veillée nationale à la mémoire des jeunes sacrifiés…
Un espoir briséInès, Alida Claire, Marius, Boris, Nadine, Elvis, Sandrine, Estelle, Christian…caressaient certainement de leur vivant, le rêve de se forger une belle carrière. Fuyant les contraintes frauduleuses qui gangrènent l’univers académique de leur pays, ces jeunes étudiants avaient choisi de ne point sombrer dans la clochardisation ; leur parcours académique en témoigne. Après un programme hebdomadaire meublé d’études et d’examens, ils ont ambitionné de se distraire. Une excursion sur l’île de Room au large de la capitale guinéenne leur sera fatale : l’embarcation à bord de laquelle ils se trouvaient va chavirer, ne leur laissant plus le choix de poursuivre leur rêve. Des morts qui accusent un régime qui n’a jusqu’ici, réussi à servir à la jeunesse que des discours aux promesses fallacieuses et donc non tenues ! Comme les morts de Conakry, ceux de Nsam, dénonçaient également un contexte social décadent devenu chaotique à ce jour.
Le 14 février 1998, plus de 250 camerounais périssaient dans les flammes à Nsam, un quartier de Yaoundé. Parmi les victimes, de nombreux jeunes et enfants. A l’origine de la catastrophe, ‘’l’explosion accidentelle’’ d’une citerne de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp). Les responsabilités n’ont jamais été déterminées. En effet, des wagons-citernes renversés ‘’accidentellement’’ sur les rails représentaient une opportunité pour les populations riveraines qui ployaient sous le joug de la pauvreté. Celles-ci, pour survivre s’adonnaient à des activités frauduleuses telle que le trafic du zoua zoua (essence) avec la complicité de quelques agents de la Scdp et des forces de l’ordre qui assuraient la sécurité du site, d’où leur inefficacité à prévenir la catastrophe. Les autorités camerounaises, fidèles à leur idéologie mensongère avaient trouvé légitime de soutenir la thèse de la sorcellerie pour occulter la vérité. Il restait évident que toutes ces personnes mortes calcinées étaient des victimes de la faim souffrant du désaveu de l’Etat. S’adressant aux chefs de quartier, la ministre des affaires sociales d’alors, Marie Madeleine Fouda, crut bon de recommander à ses interlocuteurs de tout mettre en œuvre pour calmer les sorciers. De prétendus sorciers, ‘’auteurs présumés’’ de la catastrophe qui avaient vraisemblablement, aussi réussi à détourner l’aide sociale destinée aux familles sinistrées. Car les subventions importantes versées par des gouvernements étrangers et des organismes internationaux s’étaient envolées mystérieusement sans laisser de traces.
On se souvient qu’au cours d’une messe qu’il officiait le 22 février 1998, Mgr Jean Zoa , archevêque de Yaoundé, avait vivement dénoncé cette paupérisation de la société, déclarant que ‘’cet évènement est le fruit de la misère’’ ou encore ‘’ les morts de la pauvreté’’. Un mois pus tard, le 20 mars il décédait subitement à la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé, en pleine célébration à laquelle prenait d’ailleurs part le couple présidentiel.
De même, le 17 septembre 2007 Jean Jaurès et Bertrand tous deux élèves au Lycée Technique d’Abong Mbang, à l’Est du pays ont vu leur vie supprimée. Ils furent froidement assassinés par le Préfet de ladite localité Sylvestre Essama et un commissaire de police au cours d’une manifestation populaire qui demandait le retour de l’électricité dont ils étaient privés depuis 4 mois. Ces lycéens avaient eu la maladresse de croire, en se mêlant à la foule, qu’une simple revendication d’un des droits le plus élémentaires serait entendu. Ce fut aussi le cas de trois jeunes collégiens tués le 09 novembre de la même année dans la ville de Kumba pour les mêmes raisons. Ceux-ci rejoignaient ainsi leurs aînés, étudiants également tués en 2005 par les forces de l’ordre au cours de manifestations estudiantines.
Au final, ce sont ces vices que nos jeunes compatriotes ont osé décrier dans les rues de nos villes en février dernier. Bravant les forces barbares de la répression, ils sont tombés sous les balles de ceux qui ont brisé leurs rêves et leur espoir. Pour eux, un devoir de mémoire s’impose pour dire non au plan génocidaire du régime de Paul Barthélemy Biya.
Le 25-28 février 2008, la liste des victimes du système: