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Témoignage de Jacky Essomè: «Depuis deux ans, je n’arrive pas à retrouver le sommeil»



Jacky_Essome«Junior Mbeng était mon premier enfant. Il avait 19 ans. Peu avant 7 heures du matin, le 25 février 2008, on m’appelle du Cameroun pour m’annoncer qu’on vient de tirer sur lui. J’étais seule chez moi, à Bruxelles. Le choc a été terrible, je ne savais quoi faire. Puis, la communauté camerounaise a été mise au courant et Brice Nitcheu, qui était de passage en Belgique, est venu m‘assurer de son soutien.» Habillée d’un tailleur noir, Jacky Essomè, la mère de Junior Mbeng, arraché à la vie en pleine jeunesse, a toutes les peines du monde à continuer son récit.
Faire le deuil»
Elève au collège De la Salle, à Douala, Junior Mbeng, était visiblement tout sauf un brigand: «Mon fils était adorable, très apprécié au collège, dans le quartier et par la famille. Il était respectueux, avait de bonnes fréquentations. Mon chagrin est d’autant plus immense que quand les forces de l’ordre ont enfin accepté qu’on enlève sa dépouille de la rue, elle a passé plus d’un mois à la morgue de l’hôpital de Bonassama», indique encore Jacky, qui ne sait pas alors qu’un autre calvaire attend la famille dans cette institution hospitalière. «Une fois son corps admis à la morgue, les autorités refusent à la famille d’y accéder.
De telle sorte qu’au moment où on va formellement l’identifier, mon fils était devenu méconnaissable. Sa tête était complètement déformée, probablement du fait de la balle qu’il a reçu à la tempe et qui lui a déchiré toute une partie du visage», raconte-t-elle.
Jacky_Essome
Deux ans après la mort de Junior Mbeng, toute la famille est encore déboussolée: «le père de Junior a perdu son travail, est tombé malade, et ne soutient plus de manière cohérente une conversation. Tout ce qui revient dans sa bouche quand on lui demande quelque chose, c’est «où est Mbeng?». Mes deux autres enfants, plus jeunes, ont du mal à comprendre ce qui est arrivé à leur grand frère. Moi-même, je n’ai plus jamais eu une nuit tranquille de sommeil depuis que mon fils aîné a été abattu comme un chien. Voilà pourquoi je supplie la communauté internationale, au nom de toutes les mères qui ont perdu un enfant en février 2008 au Cameroun, que justice nous soit rendue. Sinon, nous ne pourrons jamais faire le deuil», souligne Jacky Essomè.
Jean Célestin Edjangue in Le Messager du 02 mars 2010

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